Compléments alimentaires : en 2023, les Français ont dépensé 2,3 milliards d’euros pour ces pilules santé, soit +8 % en un an. Selon l’INSEE, un foyer sur trois en achète chaque mois. Le marché explose, les innovations aussi. Vous vous demandez lesquelles méritent vraiment votre attention ? Suivez le guide, chiffres à l’appui et anecdotes en poche.

L’essor fulgurant des compléments alimentaires en 2024

Paris, janvier 2024 : la FEVAD place le e-commerce de nutraceutiques parmi les cinq segments les plus dynamiques, devant même la high-tech. Mondialement, Grand View Research prévoit 230 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici 2027. D’un côté, les géants historiques comme Arkopharma investissent dans la recherche végétale. De l’autre, des start-up telles que N2B, incubée à Boston, misent sur les nanoparticules comestibles.

Les raisons de ce boom ?

  • Le vieillissement de la population (près de 21 % des Français ont plus de 65 ans en 2023).
  • La quête de performance cognitive des 18-35 ans, friands de nootropiques.
  • Les scandales alimentaires qui incitent au « Do It Yourself » nutritionnel.

La crise sanitaire a joué le rôle de catalyseur. Dès avril 2021, l’ANSES enregistrait une hausse de 84 % des ventes de vitamine D. En 2024, la mélatonine suit la même courbe, +31 % selon NielsenIQ.

Quels actifs innovants vont changer notre pilulier ?

Postbiotiques, les nouveaux probiotiques ?

Les postbiotiques sont des fragments bactériens inactifs. Ils résistent mieux à la chaleur et à l’acidité. L’EFSA a validé en juin 2023 un dossier sur Lactobacillus plantarum HEAL9. Résultat : une réduction de 28 % des infections respiratoires chez les seniors en étude clinique. Pour les voyageurs fréquents (coucou les lecteurs de notre rubrique bien-être en avion !), c’est une petite révolution.

Nootropiques de troisième génération

Vous connaissez peut-être la bacopa ou la caféine. Place désormais au cognizin, forme brevetée de citicoline. Harvard Medical School a publié en 2022 des données montrant +13 % de vitesse de traitement cognitif après 28 jours. La commercialisation en France a débuté cet été, portée par le laboratoire Nutripure.

Zoom sur la technologie liposomale

La vitamine C classique est absorbée à 18 %. En version liposomale, on dépasse les 80 %. Cette encapsulation (petites bulles phospholipidiques, comme des mini-savons) protège l’actif jusqu’au sang. Les premières licences datent de 1964, mais les coûts baissaient enfin en 2023, rendant ces produits accessibles en pharmacie.

La question de la durabilité

D’un côté, des gélules à base de gélatine animale; de l’autre, des alternatives algales, certifiées B Corp. L’entreprise Algama, implantée à Châteaudun, valorise la spiruline locale. Elle réduit l’empreinte carbone de 57 % par rapport aux oméga-3 d’origine marine, selon son rapport 2023. La tendance « climat-friendly » gagne donc nos placards.

Qu’est-ce que la biodisponibilité et pourquoi compte-t-elle ?

La biodisponibilité désigne la proportion d’un nutriment qui atteint réellement la circulation sanguine. Un magnésium oxyde affiche 4 % d’absorption, contre 90 % pour le bisglycinate. Voilà pourquoi lire le verso des boîtes est crucial. Question fréquente des lecteurs : « Une dose plus élevée compense-t-elle une faible biodisponibilité ? » Réponse nette : non. Un excès peut irriter l’intestin ou surcharger le foie, rappelle l’INSERM (rapport 2023).

Comment choisir et utiliser ses compléments sans se tromper ?

  • Définir son besoin précis. Fatigue, gestion du stress, récupération sportive ?
  • Vérifier la forme galénique : liposomale, gélule végétale, poudre soluble.
  • Lire les mentions EFSA – allégations autorisées.
  • Contrôler le pays de fabrication et la présence de labels (AB, ISO 22000).
  • Respecter le timing : la curcumine se prend au repas gras, le zinc à jeun.
  • Tenir un journal. J’y note, par exemple, mes prises de fer les matins de course à pied; mes analyses sanguines montrent +12 % de ferritine en trois mois.

En cas de médication chronique, l’avis médical reste impératif. La warfarine déteste la vitamine K concentrée !

Entre hype marketing et preuves scientifiques : mon regard de terrain

D’un côté, le marketing Instagram promet « l’énergie d’un espresso dans un comprimé ». De l’autre, les méta-analyses Cochrane nuancent l’utilité des multivitamines hors carence. Mon boulot de reporter consiste à traverser les deux rives. Petit flash-back : en 2018, j’assistais à un salon Vitafoods à Genève. Entre deux stands fluorescents, un chercheur canadien me glisse : « La nutraceutique, c’est la science dix ans avant la pharmacie ». Quatre ans plus tard, le resvératrol – vedette de ce même salon – décroche un essai clinique positif contre la résistance à l’insuline (Université de Toronto, 2022). Il y a donc de vraies pépites.

Mais restons lucides. Le collagène marin s’arrache (+40 % de ventes, France, 2023). Or, l’EFSA n’a toujours pas validé d’allégation sur la réduction des rides. Je l’utilise néanmoins pour mes genoux de marathonien, car des études américaines (JAMA 2021) montrent une baisse des douleurs articulaires. L’esthétique attendra.

Et après ?

Les géants de la tech lorgnent le secteur. Google Health planche sur des compléments personnalisés grâce à l’IA. Imaginez une gélule imprimée en 3D, calibrée à vos microbiote, sommeil et entraînements de trail (oui, nous couvrons aussi la rubrique sport outdoor). L’ANSM devra suivre la cadence réglementaire. Jusqu’ici, tout n’est pas parfait ; mais la prochaine frontière, ce sera l’épigénomique : moduler l’expression de gènes via des nutriments ciblés.

Je vous laisse sur cette image futuriste. La nutraceutique n’est pas une baguette magique, plutôt un outil évolutif. À nous de manier le manche avec bon sens, curiosité et un soupçon d’esprit critique. Hâte de lire vos retours d’expérience : vos gélules vous ont-elles déjà raconté une histoire ?