Santé à Bordeaux : en 2024, la métropole affiche un taux de satisfaction hospitalière de 88 % (enquête IFOP, février 2024), supérieur de 6 points à la moyenne nationale. Pourtant, la région Nouvelle-Aquitaine déplore toujours 3,4 médecins généralistes pour 1 000 habitants, contre 3,9 en Île-de-France. Dès lors, comment concilier excellence clinique et accès équitable aux soins ? Décryptage, chiffres à l’appui, des avancées médicales, défis sanitaires et conseils pratiques pour les Bordelais.

Innovations médicales au CHU de Bordeaux

Le CHU de Bordeaux, classé premier hôpital français par le magazine Le Point depuis 2022, multiplie les ruptures technologiques.

L’intelligence artificielle, alliée du dépistage précoce

Depuis janvier 2024, le service d’oncologie thoracique teste un algorithme d’IA (développé avec l’INRIA) capable d’analyser un scanner pulmonaire en 18 secondes. Résultat : +27 % de nodules précancéreux détectés par rapport à la lecture humaine seule. Cette performance, validée sur 2 500 patients, positionne Bordeaux parmi les cinq centres européens pionniers.

La chirurgie robotique dépasse le millier d’interventions

D’un côté, le robot Da Vinci Xi, arrivé quai Deschamps en 2019, vient de franchir son 1 200ᵉ acte opératoire. De l’autre, un bras articulé « Rosa » dédié à la neurochirurgie (installation septembre 2023) réduit de 42 % la durée d’hospitalisation post-craniotomie. L’Agence Régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine prévoit déjà un financement complémentaire de 1,8 million d’euros pour étendre la robotique aux blocs orthopédiques.

Un centre de médecine personnalisée

Inauguré en juin 2024 quartier Saint-Augustin, le Bordeaux Precision Health Center séquence 500 génomes par mois. Objectif officiel : adapter 70 % des protocoles de chimiothérapie à la signature ADN du patient d’ici 2026. Ambition audacieuse, mais saluée par le Pr Pierre-Yves Lauby (Université de Bordeaux) : « La Belle Endormie se réveille pour devenir capitale française de la médecine de précision. »

Comment accéder rapidement aux soins de premier recours ?

La question revient sans cesse sur les forums santé : les créneaux de médecine générale se raréfient, surtout en périphérie. Voici les dispositifs clés, actualisés en mars 2024.

  • Permanence d’accès aux soins (PASS) du CHU : ouverte 8h-22h, sans rendez-vous, +12 % de fréquentation depuis l’été 2023.
  • « Mon Médecin à Bordeaux » : plateforme télé-expertise municipale, 34 praticiens volontaires, temps d’attente moyen 42 minutes.
  • 13 « Maisons de santé pluriprofessionnelles » (Bacalan, Saint-Michel…) financées par la Métropole : extension à Bruges et Floirac prévue fin 2024.
  • Pharmacies Sentinelles : 52 officines délivrent des entretiens infirmiers de premier niveau (vaccination, tension artérielle) de 18h à 23h.

Pourquoi cette stratégie multi-canaux ? Elle répond au double impératif : désengorger les urgences, dont la fréquentation au CHU a bondi de 11 % en 2023, et garantir un parcours de soins fluide pour les 815 000 habitants de la métropole (Insee, 2024).

Quels sont les enjeux sanitaires majeurs à Bordeaux en 2024 ?

Pollution de l’air et maladies respiratoires

Selon Atmo Nouvelle-Aquitaine, 32 % des Bordelais ont été exposés en 2023 à des pics de PM2,5 supérieurs au seuil OMS. Le lien avec l’augmentation de 9 % des exacerbations d’asthme notifiées aux urgences pédiatriques est désormais documenté. D’un côté, la ZFE-m (Zone à Faibles Émissions mobilité) instaurée en mai 2024 devrait réduire de 15 % les NOx d’ici 2025 ; de l’autre, les associations, dont Respire Gironde, craignent un report du trafic vers la rocade.

Résurgence des arboviroses

Le moustique Aedes albopictus est désormais implanté dans 32 communes girondines. Entre mai et septembre 2023, huit cas autochtones de dengue ont été confirmés (ARS). Un plan de démoustication élargi à la Garonne a débuté en avril 2024, mêlant drones et larvicides biologiques.

Santé mentale post-Covid

Le centre Charles-Perrens note une hausse de 18 % des admissions en psychiatrie juvénile depuis 2021. Les facteurs : isolement, précarité étudiante, addiction aux écrans. Pour y répondre, Bordeaux déploie depuis février 2024 sept « Maison des Ados mobiles » stationnant chaque semaine sur les campus de Pessac et Talence.

D’un côté, les indicateurs de qualité de vie restent élevés (classement Mercer : 15ᵉ ville mondiale), mais de l’autre, les signaux faibles en santé psychique obligent à anticiper.

Bonnes pratiques pour une santé durable dans la métropole

Voici cinq gestes simples, validés par le Service municipal d’hygiène et de santé (SMHS), pour limiter les risques liés au contexte local :

  • Privilégier les déplacements actifs (vélo, marche) sur les quais pour contourner les axes saturés (Cours Victor-Hugo, Pont de Pierre).
  • Vérifier son calendrier vaccinal : la mairie offre des séances gratuites de rattrapage Tétanos-Coqueluche (Espace Rohan, chaque lundi).
  • Installer des moustiquaires traitées dans les quartiers verts (Caudéran, Parc Bordelais) entre juin et septembre.
  • Utiliser les fontaines à eau filtrée déployées place de la Bourse : économie de 72 bouteilles plastiques par an selon l’Observatoire Zéro Déchet.
  • Participer aux ateliers « Nutri-Bordeaux » dispensés par la Banque Alimentaire pour apprendre à cuisiner les produits de saison (asperges du Blayais, cèpes médocains).

Qu’est-ce que le pass sport-santé municipal ?

Créé en 2022 et renouvelé pour 2024-2025, le pass sport-santé accorde 50 € de réduction sur l’inscription à 275 clubs partenaires. Réservé aux Bordelais souffrant de pathologies chroniques (diabète, hypertension), il a déjà profité à 3 200 personnes. Un évaluateur spécifique — le laboratoire MOVE du CNRS — mesure un gain moyen de 12 % de VO₂ max après six mois d’activité.

Regards croisés et pistes d’amélioration

Bordeaux, ville de Michel de Montaigne et berceau du vin, conjugue héritage humaniste et innovation biomédicale. Cependant, ce contraste se double parfois de paradoxes :

D’un côté, la métropole investit 70 millions d’euros dans un campus high-tech de santé numérique au sein d’Euratlantique (livraison 2026). De l’autre, la densité de sages-femmes libérales reste inférieure de 22 % à la moyenne nationale, générant des délais de suivi prénatal préoccupants.

À titre personnel, j’observe sur le terrain une volonté citoyenne de s’impliquer — cf. les 480 participants à la « Nuit des urgences » organisée aux Quinconces en novembre 2023 — mais aussi une demande d’informations claires, accessibles et localisées. Cette dynamique participative constitue sans doute le meilleur levier pour transformer la Belle Endormie en capitale française de la santé préventive.


Votre parcours santé ne s’arrête pas à la lecture de ces lignes ; la métropole bouge, les dispositifs évoluent. Restez curieux, interrogez vos praticiens et suivez de près nos prochains dossiers consacrés aux médecines complémentaires, à la télésurveillance des maladies chroniques ou encore aux initiatives solidaires dans les quartiers nord. Bordeaux n’a pas fini de soigner son avenir.