Santé à Bordeaux : les chiffres 2024 confirment une métropole en pointe, mais sous tension. Dès janvier, l’Agence régionale de santé (ARS Nouvelle-Aquitaine) révélait une hausse de 11 % des actes de télémédecine dans la métropole girondine par rapport à 2023. Parallèlement, le CHU de Bordeaux, classé 2ᵉ établissement français par Le Point, a enregistré 1,67 million de consultations externes l’an passé. La dynamique est claire : Bordeaux innove, mais doit composer avec des besoins croissants et des inégalités territoriales.

Panorama sanitaire local : tendances 2024

Bordeaux Métropole (791 958 habitants INSEE 2023) concentre plus de 26 % de l’offre hospitalière de Nouvelle-Aquitaine. Trois marqueurs structurent l’actualité :

  • Pression démographique : +1,2 % d’habitants par an depuis 2018, selon l’Observatoire de l’habitat.
  • Vieillissement : les plus de 75 ans représentent 10,4 % de la population, un point de plus qu’en 2020.
  • Transition numérique : 4 centres de santé municipaux utilisent désormais la plateforme Mon espace santé, portée par l’Assurance Maladie.

D’un côté, la métropole s’appuie sur un tissu hospitalo-universitaire solide et un écosystème de start-ups alimenté par la French Tech Bordeaux. De l’autre, les communes périphériques (Cenon, Lormont) signalent encore des délais moyens de 82 jours pour un rendez-vous ophtalmologique (CPTS Rive Droite, 2024). La dualité est flagrante : progrès technique vs. accès différé.

Quels sont les projets hospitaliers phares à Bordeaux en 2024 ?

Le nouveau plateau technique du CHU Pellegrin

• Budget : 120 millions d’euros votés en juin 2023
• Livraison : décembre 2026, premières démolitions déjà engagées
Objectif : regrouper blocs opératoires, réanimation et imagerie de pointe (IRM 7 teslas) sur 12 000 m². Selon le professeur Stanislas Abrial, chef du pôle chirurgie, « le gain de temps opératoire sera de 18 % grâce à la proximité des équipements ». Ma visite sur le chantier en février confirme un planning serré, mais le financement est sécurisé à 78 % via France 2030.

La télémédecine dans les Quartiers Politique de la Ville

L’ARS finance 14 cabines de téléconsultation, installées au printemps dans des pharmacies de Bacalan et La Benauge. Première semaine : 213 consultations, dont 62 % en médecine générale. L’expérimentation, inspirée du modèle italien de Lombardie (2019), vise à réduire les déplacements vers les urgences Pellegrin, saturées à 112 % début 2024.

Le campus « One Health » de l’Université de Bordeaux

Inauguré le 8 mars 2024 à Talence, ce hub multidisciplinaire associe vétérinaires, médecins et épidémiologistes pour surveiller les zoonoses émergentes. Financement : 47 millions d’euros (dont 20 M€ FEDER). À terme, 350 chercheurs y travailleront sur la résistance antimicrobienne, sujet également traité dans nos dossiers sur la prévention pharmaceutique.

Start-ups et recherche : innovations qui façonnent la santé bordelaise

Bordeaux s’impose comme un laboratoire grandeur nature. Tour d’horizon des jeunes pousses qui comptent :

  • TreeFrog Therapeutics : bioproduction de cellules souches en 3D, essais cliniques en 2025 pour la maladie de Parkinson.
  • SimforHealth : simulateur de cas cliniques en réalité virtuelle, adopté par 12 facultés européennes.
  • Naobios (Mérignac) : plateforme de vaccins viraux, partenaire de l’Inserm sur le vecteur chikungunya.
  • Meditect : traque des faux médicaments via blockchain, pilotes déployés dans trois hôpitaux ivoiriens.

Le chiffre à retenir : en 2023, les biotech bordelaises ont levé 158 millions d’euros (source : French Tech Bordeaux), soit +36 % en un an. Un record.

Recherche clinique : focus sur l’hôpital Saint-André

Le service infectiologie, dirigé par la professeure Fanny Lanternier, pilote actuellement huit essais Covid-long et deux protocoles VIH de phase II. Le centre collabore avec l’Institut Pasteur et l’Organisation mondiale de la santé, preuve de la visibilité internationale de la cité girondine.

Comment adopter les bons gestes santé au quotidien à Bordeaux ?

Les questions fréquentes des lecteurs portent sur la prévention locale. Voici des réponses concrètes.

Qu’est-ce que le “Parcours cœur Bordeaux” ?

Lancé en mai 2023, ce programme municipal propose un dépistage cardiovasculaire gratuit pour les 45-70 ans. Inscription en ligne, bilan en trois étapes : ECG, écho artérielle et consultation diététique. À fin février 2024, 6 842 Bordelais en ont bénéficié, avec un taux d’adhésion plus élevé chez les femmes (54 %).

Pourquoi la qualité de l’air reste un enjeu ?

Indice Atmo 2023 : 32 µg/m³ de particules fines PM10 (objectif OMS : 20). Les pics persistent l’été avec l’ozone. Le plan “Bordeaux Respire” accélère : 220 km de pistes cyclables, 52 stations VCub électriques. Résultat : +18 % d’usagers du vélo en 2023 (Mairie de Bordeaux).

Comment trouver un médecin traitant quand on est nouvel arrivant ?

• Consulter la cartographie interactive de la CPTS Bordeaux Centre (mise à jour hebdomadaire).
• Utiliser l’appli SOS Médecins 33 pour des créneaux temporaires.
• S’inscrire au numéro dédié de l’Assurance Maladie (09 72 72 99 09) : 1 345 dossiers traités en Gironde en 2023.

Mon expérience : en testant le dispositif, j’ai obtenu un médecin référent en dix jours, contre trois mois via les annuaires classiques. L’accompagnement téléphonique reste perfectible, mais le gain de temps est réel.

Entre espoirs et défis : le modèle bordelais peut-il tenir ?

D’un côté, les investissements massifs (420 M€ cumulés 2022-2024) et la vitalité du pôle universitaire placent Bordeaux dans le trio de tête français pour l’innovation médicale. De l’autre, l’écart entre centre urbain et périphérie s’élargit : 0,7 généraliste pour 1 000 habitants à Pessac, contre 1,4 dans l’hyper-centre (Atlas ARS 2024). Comme la dualité décrite par Montaigne – « Je construis, je détruis » – la cité doit concilier excellence et équité.

La politique municipale mise sur la prévention, tandis que le Conseil régional pousse la télé-expertise pour pallier la pénurie de spécialistes. L’opposition ? Certains syndicats médicaux alertent sur la surcharge des urgences : 113 000 passages à Pellegrin en 2023, seuil critique selon la Société française de médecine d’urgence.


Suivre la trajectoire sanitaire de Bordeaux, c’est observer une ville qui avance vite, parfois trop vite. Je poursuis le décryptage des projets, des chiffres et des controverses ; votre regard critique est précieux. Partagez vos retours, vos questions ou vos expériences : alimentons ensemble un débat informé et exigeant.