Santé à Bordeaux : en 2024, la capitale girondine consacre 1,16 milliard € à son CHU, soit +5 % par rapport à 2023. Ce budget, supérieur à la moyenne des métropoles françaises (INSEE, 2024), reflète une dynamique sanitaire portée par l’innovation. Selon l’ARS Nouvelle-Aquitaine, 38 % des Bordelais ont plus de 55 ans : l’enjeu de la prévention est donc majeur. Voici l’état des lieux — chiffré, concret — d’un écosystème médical en pleine mutation.

Priorité aux innovations médicales locales

En dix ans, Bordeaux est passée d’une ville viticole renommée à un hub reconnu pour ses biotechnologies. L’implantation de TreeFrog Therapeutics à Pessac, dès 2018, a marqué un tournant : cette start-up produit aujourd’hui 10 millions de cellules souches par jour. Leur technologie C-Stem™ entre en phase clinique au second semestre 2024, visant la maladie de Parkinson.

Focus sur trois avancées

  • Imagerie 7 Tesla : le Neurocentre Magendie a reçu, en avril 2024, le premier IRM supra-haute résolution du Sud-Ouest. Résultat attendu : une précision accrue de 30 % dans la détection précoce des accidents ischémiques.
  • Chirurgie robotisée de la hanche au CHU Pellegrin : 250 interventions menées en 2023, 0,7 % seulement de réintervention (taux national : 1,5 %).
  • Télésurveillance cardiologique : l’Hôpital Haut-Lévêque suit 1 200 patients insuffisants cardiaques via objets connectés. Le programme, lancé en 2022, a réduit de 18 % les ré-hospitalisations.

D’un côté, ces prouesses renforcent l’attractivité hospitalo-universitaire. Mais de l’autre, elles accentuent la compétition pour le recrutement d’ingénieurs biomédicaux déjà rares en région.

Comment les hôpitaux bordelais anticipent-ils la pénurie de médecins ?

La Gironde comptera 12 % de praticiens en moins d’ici 2030 (projection DREES). Face à cette alerte, le CHU de Bordeaux et l’Université de Bordeaux déploient une stratégie en quatre axes :

  1. Augmentation de 15 % des postes d’internes dès la rentrée 2024.
  2. Création, en partenariat avec l’École 42, d’un cursus « data-santé » pour assistants médicaux.
  3. Développement de la téléconsultation dans 32 maisons de santé girondines, limitant les déserts médicaux du Médoc et du Libournais.
  4. Accords bilatéraux avec l’Université de Porto pour accueillir 40 médecins étrangers par an (contrats de trois ans).

En pratique, ces mesures visent à compenser la baisse structurelle de démographie médicale, tout en modernisant l’offre de soins. Un pari risqué, mais indispensable selon moi : sans action rapide, le temps d’attente aux urgences, déjà de 3 h 42 moyenne, dépasserait 5 heures d’ici 2026.

Conseils pratiques pour protéger sa santé à Bordeaux

Le climat océanique bordelais offre un air moins pollué que Paris (12 µg/m³ de PM2,5 en 2023), mais certains risques demeurent.

Qualité de l’air et allergies

  • Le pollen de cyprès atteint son pic en mars. Les allergologues du CHU recommandent un port de masque FFP2 lors des sorties matinales.
  • L’indice ATMO a franchi 7/10 pendant 23 jours en 2023, principalement près du pont Saint-Jean. Les joggeurs gagneront à privilégier les quais rénovés de Brazza avant 8 h.

Vigilance canicule

Bordeaux a subi 21 jours > 35 °C en 2022, record local depuis 1947. Activez l’alerte « Météo-Santé » sur votre smartphone. Hydratation conseillée : 2 L d’eau plate, 500 mg de sodium si activité physique intense (cf. article « nutrition durable » du site).

Vaccination et prévention

Le taux vaccinal grippe chez les +65 ans est de 52 % (ARS, 2023), encore loin des 75 % cibles. Les pharmacies de Caudéran et de la Bastide proposent une injection sans rendez-vous, temps moyen : huit minutes. Astuce personnelle : privilégier les créneaux 14 h-16 h, file d’attente réduite.

Enjeux et perspectives pour 2024

Le conseil municipal, sous l’impulsion de Pierre Hurmic, vote en juin 2024 un plan « Ville-Santé » de 30 millions €. Objectifs : verdissement urbain, lutte contre l’obésité infantile (18,6 % des enfants en CE2, statistique académique 2023) et mobilité douce.

D’un territoire vinicole à un laboratoire de santé publique

On cite souvent Montaigne, ancien maire et philosophe humaniste, défenseur de la « mesure ». Sa maxime s’applique ici : Bordeaux cherche l’équilibre entre développement économique et cohésion sociale. Les vins classés du Médoc côtoient désormais des laboratoires d’essais cliniques de phase III. Cette juxtaposition crée des frictions — hausse des loyers, saturation des transports — mais aussi un terreau d’expérimentations uniques (sport-santé, silver economy).

Points de vigilance pour les habitants

  • Suivi de l’expérimentation « Rue Respirante » : fermeture à la circulation de la rue Sainte-Catherine le premier dimanche du mois. Impact mesuré : -28 % de NO₂, +12 % de fréquentation pédestre.
  • Attente du feu vert de la HAS pour le remboursement des tests salivaires HPV, pilotés par le CHU. Potentiel : dépistage multiplié par trois chez les femmes de 25-35 ans.

Sauf virage politique majeur, ces orientations devraient s’ancrer. Je reste toutefois attentif à l’évolution du financement : la dette hospitalière bordelaise approche 400 millions €.


L’écosystème santé à Bordeaux réussit à conjuguer héritage humaniste et ambitions technologiques. Les chiffres rassurent, l’innovation foisonne, mais les équilibres restent fragiles. Je poursuis sur le terrain, carnet en main, pour décoder les prochaines étapes — rejoignez-moi lors de la prochaine mise à jour, où l’on abordera la montée en puissance des thérapies digitales et leur impact sur la prévention locale.