Santé à Bordeaux : en 2023, le CHU local a réalisé plus de 1,2 million de consultations, soit +8 % en un an, un record jamais atteint depuis la mise en service du tramway en 2003. Les investissements publics culminent à 480 millions d’euros sur la période 2022-2026, selon la Région Nouvelle-Aquitaine. Chiffres solides, enjeux concrets : la capitale girondine place clairement la santé au cœur de sa stratégie métropolitaine. Place aux faits, aux innovations et aux conseils pratiques.

Investissements publics : l’agglo muscle-t-elle vraiment son offre ?

Le Plan santé 2024 de Bordeaux Métropole, voté le 17 novembre 2022, prévoit trois axes majeurs : modernisation hospitalière, prévention de proximité et soutien à la e-santé.

  • Modernisation : 300 M€ fléchés vers le CHU de Bordeaux, avec livraison du nouveau pôle cardiologique de Haut-Lévêque fin 2024.
  • Prévention : 60 M€ dédiés aux Maisons de santé pluridisciplinaires, soit 14 structures supplémentaires dans les quartiers prioritaires (Bacalan, Saint-Michel, Les Aubiers).
  • E-santé : 120 M€ pour la télémédecine et la cybersécurité hospitalière, un enjeu renforcé par l’attaque de février 2023 ayant paralysé l’hôpital Pellegrin pendant 48 heures.

D’un côté, les professionnels saluent cette injection budgétaire record. Mais de l’autre, des associations comme UFC-Que Choisir Gironde alertent : la densité médicale reste inférieure de 11 % à la moyenne nationale, surtout en médecine générale. Les chiffres de l’Ordre des médecins (avril 2024) confirment un ratio de 7,8 généralistes pour 10 000 habitants, contre 8,7 à l’échelle nationale.

Qu’est-ce que le Plan santé 2024 de Bordeaux Métropole ?

Il s’agit d’un programme stratégique adopté par le Conseil métropolitain pour mieux répartir l’offre de soins, renforcer la formation et soutenir la recherche biomédicale. Les indicateurs de suivi (taux de vacance médicale, file active des urgences, accès à la télémédecine) sont publiés chaque semestre. Objectif officiel : réduire de 20 minutes le délai moyen de rendez-vous avec un généraliste d’ici à 2026.

Comment les start-ups bordelaises réinventent-elles le soin de proximité ?

Le dynamisme local ne se limite plus au vin ou à l’aéronautique. TreeFrog Therapeutics, issue du campus de Pessac, lève 138 M€ en 2023 pour accélérer la thérapie cellulaire contre la maladie de Parkinson. Autre exemple : Synapse Medicine, fondée par le Dr Clement Goehrs, déploie son assistant d’aide à la prescription dans 70 % des pharmacies girondines (statistique 2024). Résultat : –17 % d’erreurs médicamenteuses constatées après six mois d’usage, selon l’ARS.

Bullet points des innovations notables :

  • Dispositifs connectés : la start-up Moonhealth teste un capteur de glucose non invasif au CHU depuis janvier 2024.
  • Intelligence artificielle : le laboratoire B-AI Lab collabore avec Kedge Business School pour prédire l’affluence des urgences 48 h à l’avance.
  • Réalité virtuelle : le service pédiatrique de Pellegrin utilise des casques immersifs pour réduire l’anxiété pré-opératoire, –35 % de sédation supplémentaire économisée (étude interne 2023).

Mon expérience de terrain le confirme : ces jeunes pousses profitent d’un écosystème « St-Germain-des-Prés du health-tech », entre la French Tech Bordeaux et le cluster Digital Aquitaine. L’alliance avec les cliniciens reste la clé ; chaque projet intègre un comité éthique piloté par le Professeur François-Xavier Maillard (doyen de la faculté de médecine).

Prévention, climat et habitudes : quels risques émergents pour les Bordelais ?

Le dernier rapport de Santé Publique France (mars 2024) pointe trois menaces spécifiques :

  1. Pic d’allergies respiratoires : +24 % de consultations ORL lors des vendanges, à cause des spores de Botrytis.
  2. Îlots de chaleur urbains : 18 jours au-dessus de 35 °C en 2023, record depuis 1947, avec une surmortalité estivale de 9 %.
  3. Sédentarité : 42 % des 25-40 ans déclarent moins de 150 minutes d’activité physique par semaine, un chiffre supérieur de 6 points à la moyenne nationale.

D’un côté, Bordeaux se dote d’infrastructures cyclables spectaculaires (pont Simone-Veil, 2024). Mais de l’autre, le trafic routier intra-rocade reste dense ; les PM 2,5 dépassent le seuil OMS 28 jours par an. Ma recommandation : privilégier les trajets avant 8 h ou après 20 h pour les coureurs, porter un masque léger FFP2 les jours d’alerte (Conseil municipal, juillet 2023).

Pourquoi l’eau du robinet fait débat ?

Le sodium atteint 250 mg/l dans certains quartiers (La Bastide), au-dessus de la recommandation haute de 200 mg/l fixée par l’ANSES. Les autorités se veulent rassurantes : la potabilité n’est pas compromise. Toutefois, les cardiologues du CHU suggèrent aux patients hypertendus d’utiliser un filtre à osmose inverse ou de préférer l’eau de table faiblement minéralisée.

Magazine pratique : où tester, se faire vacciner et se former en 2024

  • Tests PCR rapides : 17 laboratoires privés proposent un résultat en 55 minutes, record national selon la Fédération de biologie médicale.
  • Vaccination grippe et Covid-19 : les médiathèques de Mériadeck et Bacalan accueillent des centres éphémères chaque mercredi, sans rendez-vous, jusqu’au 15 janvier 2025.
  • Formation premiers secours : la Croix-Rouge Gironde ouvre un module gratuit « Arrêt cardiaque » à la Cité du Vin, tous les premiers samedis du mois.
  • Nutrition & bien-être : ateliers sur l’alimentation durable à Darwin Écosystème, utiles pour recouper nos dossiers « nutrition anti-inflammatoire » et « sport santé » publiés récemment.

Petit rappel du calendrier : la Journée mondiale du cœur, le 29 septembre, sera déclinée en version locale sur les quais, avec dépistage gratuit du cholestérol. J’y participerai pour suivre l’impact en direct, carnet de notes à la main.


L’écosystème santé bordelais s’impose donc comme un laboratoire grandeur nature : politiques publiques ambitieuses, start-ups iconoclastes, vigilance accrue face au changement climatique. Observer, analyser, transmettre : telle est ma ligne. Si ces données nourrissent votre curiosité, restez connectés ; de nouvelles enquêtes sur la psychologie post-Covid et la rééducation connectée sont déjà en préparation.