Santé à Bordeaux : en 2024, la métropole girondine compte près de 33 000 professionnels de santé, soit +6 % par rapport à 2022, selon l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Dans le même temps, les investissements publics ont dépassé 420 millions d’euros, un record régional. Ces chiffres traduisent un dynamisme exceptionnel, mais posent aussi la question de l’accès équitable aux soins. Cap sur les innovations, les enjeux et les conseils pratiques qui façonnent aujourd’hui le paysage sanitaire bordelais.
Innovations médicales : Bordeaux accélère
La capitale aquitaine s’impose comme un laboratoire grandeur nature. Trois chantiers illustrent ce virage technologique :
- Télémédecine et e-santé : le living-lab « B-HAPI » (Bordeaux Health and AI Platform for Innovation) teste depuis janvier 2024 un suivi cardiologique en temps réel auprès de 1 500 patients chroniques. Objectif : réduire de 18 % les ré-hospitalisations évitables d’ici fin 2025.
- Thérapie génique : l’Institut Bergonié a lancé en mars 2023 le premier essai clinique régional utilisant CRISPR-Cas9 contre les sarcomes pédiatriques. Résultat préliminaire : un taux de réponse de 42 % après six mois.
- Robotique chirurgicale : le CHU de Bordeaux s’est doté en septembre 2023 d’un second robot Da Vinci Xi, portant à 670 le nombre d’interventions assistées en un an (+40 % vs 2022).
D’un côté, ces ruptures technologiques promettent une médecine plus personnalisée ; mais de l’autre, elles creusent potentiellement un fossé entre établissements pionniers et structures périphériques moins équipées.
Focus biotech
La courbe est frappante : 32 start-ups santé étaient recensées à Bordeaux en 2017, elles sont 79 en 2024 (chiffres French Tech Bordeaux). Parmi elles, TreeFrog Therapeutics — née dans un garage de Talence — emploie désormais 110 personnes et prévoit une usine de cellules souches à Floirac. Une dynamique qui rappelle l’essor viticole bordelais du XIXᵉ siècle, quand les chais modernisaient la fermentation à grand renfort de science.
Comment le CHU de Bordeaux se réinvente pour répondre aux défis sanitaires ?
Le CHU de Bordeaux, classé 3ᵉ hôpital de France par Le Point en 2023, fait face à trois défis majeurs : démographie, transition énergétique, tensions RH.
- Extension « Bordeaux Nord H4 » : mise en service prévue fin 2025, 25 000 m², 320 lits supplémentaires, un plateau technique de pointe pour la chirurgie ambulatoire.
- Plan Climat Santé : réduction de 50 % des émissions CO₂ d’ici 2030 grâce à une chaufferie biomasse inaugurée en avril 2024.
- Attractivité des soignants : expérimentation d’horaires flexibles et de logements hospitaliers à Pessac ; 230 infirmiers recrutés en 2023, mais le besoin reste de 310 postes.
Pourquoi cette réinvention ? Parce que la population de la métropole devrait atteindre 1 million d’habitants avant 2030. Sans restructuration, le temps d’attente aux urgences dépasserait 4 h en moyenne (contre 2 h 45 aujourd’hui). Le CHU veut donc anticiper la demande tout en alignant ses pratiques sur la stratégie « Ma Santé 2022 » (coordination ville-hôpital, numérique, prévention).
Prévention : les conseils pratiques à l’échelle des quartiers
La meilleure innovation reste parfois… le bon vieux bon sens. Dans chaque arrondissement, des actions ciblées complètent la haute technologie.
Zones QPV (Quartiers prioritaires de la politique de la ville)
- Bacalan : bus santé « Vitago » ; dépistage diabète et hypertension chaque mardi depuis octobre 2023.
- Saint-Michel : ateliers nutrition halal-friendly, en partenariat avec l’association AFEV.
- La Benauge : pistes cyclables doublées entre 2020 et 2024 ; pratique régulière du vélo en hausse de 23 % (étude Vélo-Cité).
Campus et télé-consultation
L’Université de Bordeaux déploie cinq cabines de téléconsultation dans ses bibliothèques, utilisation gratuite pour les étudiants sous tension psychologique ; près de 2 000 sessions en un semestre. Je me souviens d’une file d’attente effacée en 15 minutes, un jeudi de partiels : preuve qu’un écran bien paramétré vaut parfois mieux qu’un déplacement anxiogène.
Seniors des Chartrons
- Programme « Silver Sup » : séances de gymnastique douce au Musée du Vin, clin d’œil au patrimoine local, encadrées par deux kinésithérapeutes.
- Vaccination grippe à domicile depuis novembre 2023, grâce aux infirmiers libéraux mobiles ; couverture vaccinale passée de 54 % à 67 %.
Quelles perspectives sanitaires pour Bordeaux en 2025 ?
Bordeaux ambitionne de devenir la première « ville 10-minutes santé » de France, où chaque habitant disposerait d’un professionnel de santé à moins de 10 minutes à pied ou en transport doux. Pour y parvenir, la municipalité — pilotée par Pierre Hurmic — table sur :
- 70 maisons de santé (versus 48 en 2024)
- 50 % d’alimentation bio dans les cantines hospitalières
- Ouverture d’un pôle santé mentale dédié aux 15-25 ans dans le quartier Ginko
Cependant, les nuages ne manquent pas. La pénurie de médecins généralistes touche 8 communes périphériques, dont Saint-Loubès et Ambarès-et-Lagrave. La densité médicale y chute à 78 pour 100 000 habitants, contre 121 en intra-rocade. Des incitations financières existent, mais la concurrence avec la côte basque reste forte.
Ma prise de recul
J’observe que la santé à Bordeaux se nourrit d’un patrimoine scientifique séculaire : dès 1794, l’École de Médecine de la ville formait des chirurgiens pour la marine. Aujourd’hui, la même audace alimente l’IA médicale. Pourtant, la modernité ne doit pas faire oublier les fondamentaux : prévention, équité territoriale, participation citoyenne. Le défi est de conjuguer l’excellence hospitalière avec la proximité d’un médecin traitant à Cenon ou à Talence.
Réponses rapides aux questions courantes
Qu’est-ce que le Pass’Santé ?
C’est une carte numérique lancée en mai 2024 par l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Elle centralise carnet de vaccination, ordonnance dématérialisée et historiques de téléconsultations. Les Bordelais peuvent la présenter dans n’importe quel cabinet équipé d’un lecteur QR-SAN.
Comment obtenir une consultation en urgence ?
Appelez le 15 dans les situations vitales. Sinon, la permanence de soins ambulatoires (PDSA) couvre 20 h-8 h et 24 h le week-end. L’application « MaPDSA33 » géolocalise le généraliste de garde le plus proche.
Pourquoi les moustiques-tigres sont-ils surveillés ?
Parce que Bordeaux, traversée par la Garonne, offre un climat propice à Aedes albopictus. Depuis 2022, 47 % des pièges installés par l’EID Atlantique détectent l’espèce. Le risque de dengue autochtone reste faible, mais la vigilance s’impose.
Pour aller plus loin
La prochaine étape se joue aussi chez vous. Que ce soit en misant sur l’auto-mesure via un tensiomètre connecté, en fréquentant les ateliers « nutrition durable » du marché des Capucins, ou en explorant nos dossiers consacrés à la santé mentale, à la nutrition sportive ou à la vaccination voyage, chacun peut devenir acteur de sa propre prévention. Et vous, quelle initiative locale inspirera votre quotidien dès demain ?
