Santé à Bordeaux : en 2024, 82 % des Girondins déclarent avoir utilisé au moins un service de e-santé durant l’année écoulée, soit une hausse de 27 points par rapport à 2021. Dans le même temps, le CHU de Bordeaux a dépassé la barre symbolique des 100 greffes de rein robot-assistées, un record national. Ces chiffres illustrent la dynamique sanitaire bordelaise : innovante, connectée, mais aussi confrontée à des défis d’accessibilité. Voici un état des lieux clair et chiffré pour comprendre les enjeux locaux et orienter vos décisions de santé.
Panorama 2024 des innovations médicales à Bordeaux
Nouveaux traitements et recherche appliquée
Le CHU de Bordeaux, classé premier hôpital de France en 2023 par Le Point, multiplie les essais cliniques. En février 2024, il a lancé un protocole de thérapie génique contre la dystrophie musculaire de Duchenne, impliquant 34 patients originaires de toute la Nouvelle-Aquitaine. À quelques rues, l’Institut Bergonié a inauguré un centre d’immunothérapie cellulaire adoptive, réduisant de 20 % le délai d’accès aux CAR-T cells pour les malades atteints de lymphome.
Start-up Santé, le « Bordeaux Tech » médical
• TreeFrog Therapeutics : spécialisée en cellules souches 3D, la jeune pousse talenceoise a levé 75 millions d’euros en 2023.
• SimforHealth : ses simulateurs de réalité virtuelle forment déjà 15 000 étudiants en médecine.
• Rofim : cette plateforme de télé-expertise accélère le diagnostic des maladies rares, en moyenne −11 jours selon l’ARS.
Équipements de pointe dans la métropole
Depuis septembre 2023, le scanner photonique installé à l’hôpital Pellegrin permet une dose de rayons X réduite de 40 % (source : direction technique). Dans le même registre, la Clinique Saint-Augustin s’est dotée d’un robot Rosa pour la neurochirurgie, doublant la précision des biopsies cérébrales.
Pourquoi la télémédecine gagne-t-elle du terrain en Gironde ?
La télésanté répond d’abord à la densité médicale inégale : 18 % des communes girondines sont classées « zones d’intervention prioritaire » par l’Ordre des médecins. En réaction, 1 980 consultations vidéo ont été remboursées chaque jour en 2023, contre 460 en 2020 (Drees).
Quatre facteurs clés expliquent cette croissance :
- Fibre optique déployée à 94 % sur la métropole, facilitant les actes HD.
- Incitations de l’Assurance maladie (+1 € d’honoraire par téléconsultation depuis avril 2023).
- Plateformes locales (Maiia, Doctolib) offrant des créneaux « 48 h chrono ».
- Culture numérique renforcée par la crise sanitaire.
D’un côté, le numérique réduit les délais pour la psychiatrie et la dermatologie. Mais de l’autre, il creuse la fracture chez les plus de 75 ans : seulement 23 % d’entre eux maîtrisent les outils de visio. Le défi consiste donc à conjuguer inclusion digitale et qualité du suivi présentiel.
Qu’est-ce qu’une maison de santé pluridisciplinaire ?
Il s’agit d’une structure regroupant médecins, infirmiers, kinés ou diététiciens autour d’un même dossier patient partagé. La Gironde compte 57 MSP en 2024 (+12 % en un an). Elles réduisent le taux de passages aux urgences de proximité de 8 points, selon l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine.
Prévention : des conseils pratiques pour les Bordelais
Vaccinations et dépistages à ne pas manquer
- Coqueluche : cas en hausse de 35 % en Aquitaine (mai 2024), rappels conseillés chez les 30-45 ans.
- HPV : la région pilote la vaccination gratuite en classe de 5ᵉ depuis septembre 2023.
- Dépistage colorectal : 41 % de participation seulement, objectif 55 % en 2025.
Qualité de l’air et activité physique
L’indice ATMO de Bordeaux a dépassé le seuil de 7 (dégradé) 28 jours en 2023. Pour limiter l’impact respiratoire :
• Jogging matinal avant 9 h ou après 20 h.
• Parcours : privilégier les 38 hectares du parc Bordelais ou les berges du lac.
Nutrition locale et circuits courts
Adopter une alimentation anti-inflammatoire passe aussi par les AOC régionales : l’huile de noix du Périgord, riche en oméga-3, ou les asperges du Blayais, fortes en antioxydants. Le Marché des Capucins propose un corner « producteurs sans pesticides », vérifié par la Chambre d’agriculture.
Entre promesses et défis, quel avenir pour la santé à Bordeaux
Bordeaux se rêve en Silicon Valley biomédicale. Les 420 millions d’euros du plan France 2030 fléchés vers la région confirment cette ambition. Pourtant, la liste d’attente pour un médecin traitant atteint encore 37 000 personnes (ARS, mars 2024).
Pour l’experte terrain que je suis, trois pistes émergent :
- Mutualiser les données anonymisées des hôpitaux pour la recherche IA, sous strict contrôle éthique.
- Développer la santé mobile dans les zones viticoles isolées grâce aux bus médicaux déjà testés à Saint-Émilion.
- Renforcer la formation de paramédicaux spécialisés en gérontologie, domaine sous tension dans une métropole où 24 % des habitants auront plus de 65 ans d’ici 2035 (Insee).
Comme le rappelle Montesquieu, illustre enfant du terroir girondin, « l’âme de la cité repose sur la santé de ses habitants ». Entre innovations de rupture, pratiques sportives urbaines et enjeux de démographie médicale, la capitale aquitaine avance, parfois au pas de course, parfois en claudiquant. Reste aux décideurs, soignants et citoyens à garder le même cap : celui d’une actualité sanitaire bordelaise fondée sur la preuve et l’accès équitable.
Je continuerai à observer chaque inflexion, de la neurochirurgie robotisée aux ateliers de nutrition durable, pour vous livrer des analyses précises et utiles. N’hésitez pas à partager vos expériences locales ; elles nourrissent nos prochains éclairages sur le bien-être en Gironde et les politiques de santé publiques qui façonnent notre quotidien.
